A Lyon, celles qu’on appelle « les mères » ne peuvent être dissociées de la cuisine lyonnaise. Ces braves et talentueuses cuisinières ont contribué à faire briller la gastronomie de Lyon et la gastronomie locale ne saurait ce qu’elle est sans leur héritage. L’appellation « mère » n’est pas propre à Lyon. Elle est utilisée dans de nombreuses régions et désigne une femme qui tient un restaurant. Toutefois, Lyon a connu quelques mères célèbres dont le nom est entré dans la postérité et que la ville continue d’honorer.
Brève histoire des mères lyonnaises
L’activité des mères lyonnaises se développent après la Première Guerre mondiale et plus précisément avec la crise de 1929. En général, les mères sont des cuisinières ayant travaillé dans les familles bourgeoises. Renvoyées et contraintes de gagner leur vie, elles ouvrent des guinguettes ou des bouchons. La cuisine proposée est simple et traditionnelle. Les mères s’évertuent à mettre en valeur des produits du terroir. Certaines d’entre elles ont été associées à leurs spécialités : la matelote d’anguille pour la mère Guy, les ravioles pour la mère Maury, etc.
Au début, la clientèle est principalement composée d’ouvriers ou bien de soldats. Mais ensuite, la cuisine des mères lyonnaises connaisse un grand succès. Ainsi, leur enseigne accueille aussi des familles aisées et de riches hommes d’affaires. Leur renommée dépasse Lyon et leur cuisine séduit les critiques gastronomiques. Aujourd’hui, on peut dire sans risque que les mères ont apporté leur pierre à l’édifice pour sacrer Lyon capitale mondiale de la gastronomie.
La mère Brazier
La mère Brazier est l’une de ces grandes figures de la cuisine lyonnaise. Eugénie Brazier est née en 1895 et morte en 1977. Elle est engagée comme cuisinière dans une famille bourgeoise. A 20 ans, elle fera ses armes chez la mère Fillioux et ensuite dans une brasserie de la ville. En 1921, elle ouvre son propre bouchon la « Mère Brazier ». L’enseigne attend toujours ses convives au 12 de la rue Royale. Sa réputation la précède et les éloges d’un critique gastronomique contribuent à son succès. Son restaurant devient incontournable à Lyon si bien que la clientèle lui demande d’ouvrir un deuxième. Ce qu’elle fait.
En 1932, la mère Brazier obtient 2 étoiles du Guide Michelin pour ses 2 enseignes. L’année suivante, la cuisinière réalise un exploit en recevant 3 étoiles. Cette consécration conforte la popularité des mères lyonnaises. D’illustres personnalités et des hommes politiques se succèdent à sa table se délectant de sa cuisine. C’est dans la brigade de la mère Brazier que le célèbre chef Paul Bocuse a fait son apprentissage.